Participants: Lionel Glauda, Adrien Ragiot, Patrice Roth, Hervé Vico
Interclubs : Citrons Ficelés, SC Tullins, SGCAF
En résumé: 26h de voiture, 30h de spéléo, 15h de sommeil et 15h d’apéros!
Compte rendu rédigé par Adrien.
Avec Lionel nous discutons des derniers détails du voyage, la météo est OK, l’hébergement aussi. Bref c’est certain, demain nous partons en terre sainte: les Cantabriques!
Au programme 3 classiques réputées, de quoi rassasier toute l’équipe.
Le timing sera un des multiples challenges de ce trip; rien n’est gagné: les bouchons du trajet d’aller nous annoncent la couleur….
Nous arrivons Jeudi matin à 1h15 au gite spéléo d’Arredondo, notre hôte, Yvan nous accueille à bras ouvert.
Réveil à 7h, Nous partons pour la Torca del Carlista, le troisième plus grand volume souterrain connu! Devant la Verna…
Après 25 min de voiture dans un paysage verdoyant nous arrivons au parking. Une petite marche d’approche de 45min, nous permet d’apprécier l’environnement, nous rencontrons un troupeau de chèvre et des chevaux en libertés. Lionel s’offre l’équipement, quelques petits puits, mignons et confortables débouchent au plafond de la fameuse salle. La descente s’effectue sur un splendide rappel gazeux de 80m. Optimisation oblige… pour nous c’est passage de nœud obligatoire, notre matos est calculé pour les longueurs de 50m de Cueto-coventosa. Chacun y va de son commentaire « le passage de nœud c’est la base », « bof c’est sympa » ; soyons franc, ce rappel est de toute beauté, dans une obscurité presque absolue, mais c’est surtout la corde quasi neuve et pas super lavée qui procure les vraies sensations de cette descente.
Nous attaquons rapidement la descente de la salle en suivant les cairns. Nous serons immédiatement rappelés à l’ordre, la suite est de l’autre côté, nous venons de descendre du mauvais côté de la salle. Mieux vaut orienter la topo à la boussole. Après une remonté d’une centaine de mètres à travers les gigantesques blocs qui tapissent le sol la salle nous apercevons la suite, cachée derrière un col. Les proportions sont gigantesques et difficilement estimables. La paroi que nous suivons est très concrétionnée: aragonite, excentriques, cristaux, choux fleur…
Nous arrivons à une seconde salle, bien plus petite mais toujours gigantesque, les bordures sont elles aussi richement décorées. Après un petit détour nous arrivons à la salle du siphon, entièrement recouverte de voiles, colonnettes, fistuleuses, colonnes. Nous avons atteint notre limite de temps il faut se diriger vers la sortie. Un petit challenge chrono motive les troupes sur la remontée, nous sortons tous la longueur de 80m en une douzaine de minutes. Patrice déséquipe, accompagné de Hervé. TPST6h
Patrice et Lionel partent équiper la sortie de Coventosa, Hervé et moi préparons le repas du soir et la nourriture pour demain. Après une première tournée Hervé anticipe au mieux les besoins de demain en proposant de préparer un second repas (qui s’avérera nécessaire!). Les heures passent, nous commençons à nous inquiéter, 21H30 Patrice m’appelle, tout va bien. Ils ont mis du temps à trouver le petit passage menant à la suite du réseau de Coventosa. 15 min plus tard ils sont au gite, nous préparons les kits et attaquons l’apéro. Qui se terminera plus tard que prévu, sous les flots des bols de rouge de Lionel. De quoi être en forme pour le lendemain …
6h du matin le réveil sonne « Arghhhhh je n’aurai jamais du boire autant » Lionel se lève doucement. Après un bon petit déjeuner, nous allons nous garer à Socueva. Nous entamons la marche d’approche de 2h30. Lionel l’arrondira à 3h grâce à une petite boucle touristique dans le lapiaz sauvage. Ce qui lui permettra d’évacuer l’alcool restant. Nous nous félicitons d’être partis tôt, évitant ainsi les grosses chaleurs. Le paysage de la marche d’approche est merveilleux et accueillant. La faune locale vient à notre rencontre pour fêter notre venue. Nous croisons des vaches, un cheval, une vipère et surtout des tiques. Ahhhh les tics des cantabriques, il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup trop. Dès notre arrivé à Cueto nous ripostons en éliminant définitivement ces intrus, Patrice en repère un en forage avancé sous mon bras « Il est trop rentré il faudra attendre le retour au gite » Réflexion faite l’arrivée est prévue dans 16h, hors de question de le garder, je sors mon couteau. Patrice tente une dernière riposte et parvient à le déloger; gloire à lui!
Nous nous changeons, je file équiper le pozo Juhué… le premier coup d’œil donne le ton: c’est un monstre de 300m!
Ça part large, sans fond, parfaitement lisse et circulaire. La pression monte. L’efficacité s’accroit au fil des rappels, le rythme est donné par la terrifiante chute des cordes qui fendent l’air et viennent immanquablement heurter l’équipe. C’est Patrice qui assure les rappels, les cordes sont ensuite envoyées vers l’avant par Hervé et Lionel.
Le puits est marqué par un important palier à ses deux tiers, ça casse un peu la pression. Le reste de la descente s’effectue sans histoire, une grande partie est équipée en fixe. Un dernier rappel d’une vingtaine de mètre nous permet d’atterrir dans la galerie de Juhué. Une énorme galerie dans le même style que la PSM, recouverte de gros blocs (sauf qu’ici la grotte est à 14°c). Nous mangeons une barre et partons vers le sud. Une heure plus tard nous nous arrêtons déjeuner à l’Oasis, ce n’est pas le Paradis mais un bidon coupé permet de récupérer des gouttes d’eau et de faire le plein. Le balisage est parfait nous arrivons facilement au Pozo de la Navidad marquant le début du réseau intermédiaire. La typologie des galeries change brutalement nous voici en Ardèche: aiguilles et fleurs de gypse, calcite, aragonite, tapissent les murs d’un collecteur à taille humaine.
Notre progression est plus rapide et très agréable. La galerie des artistes est remarquable. La salle blanche, bien reconnaissable permet de s’orienter facilement sur la topo, nous enchainons sur une zone plus tortueuse composé d’un calcaire déchiqueté. Nous suivons le courant d’air et les flèches. Petite pause à la turbine ou nous admirons les différentes techniques de passage à travers cette petite faille, parcourue par un violent courant d’air. Nos gros sherpas pimentent la chose et alimentent les rigolades. Les volumes s’élargissent de nouveau, la tyrolienne marque le début du canyon. Le niveau des lacs est bas, il y a 3 lacs distincts comme sur la topo. Nous vidons toutes nos bouteilles d’eau pour améliorer la flottabilité de nos kits, enfilons les néops et attaquons les 300m de nage. L’ambiance est incroyable, le premier lac est profond, l’eau noire, nous avançons dans un canyon sans fin. Après les 3 lacs nous conservons les combinaisons pour passer directement dans l’eau en shuntant les mains courantes. Nous finissons par louper la sortie, le doute s’installe, la fatigue aussi. Nous rebroussons chemin pour récupérer la progression classique hors d’eau, ça semble bon, la pression retombe.
Ouf. Lionel et Patrice reconnaissent le chemin et le passage clé sur la gauche. Nous saisissons l’occasion pour aller admirer la salle des Fantasmes, véritable musée de la concrétion, dotée d’une collection de piliers extraordinaire! Hervé trouve que son kit s’est subitement lesté, effectivement son bidon étanche a pris l’eau, le gps de Lionel aussi. Je m’égare rapidement à la sortie, Patrice passe devant et nous sortons tranquillement. Hervé et Lionel déséquipent et nous rejoignent. Le retour à la voiture s’effectue en une vingtaine de minutes. TPST:14h. Nous sommes comblés et refaisons le monde autour d’un diner-apéro. Nous allons dormir vers 5h.
10h le réveil sonne. Le moral des troupes est entamé mais la volonté encore bien présente. Après un bon petit déjeuner, nous préparons le déjeuner et les affaires.
Notre champion d’Espagnol Lionel discute avec les propriétaires du Gite. La grotte vaut le coup, il faut mieux faire la traversée, « posez votre voiture en haut, nous vous ferons une navette ». yalaaaaaa! Le moral des troupes passe au vert, nous allons éviter la marche d’approche depuis Socueva. Nous trouvons assez rapidement le parking, l’approche s’effectue en une quarantaine de minutes. Le dernier point d’interrogation sera vite levé, la chance et le repérage de Lionel nous amèneront à trouver rapidement l’entrée de Tonio (Sans GPS). Un violent courant d’air y aspire tous les insectes à proximité, provoquant une certaine obésité des araignées cavernicoles. En 3h nous descendons à la salle Guillaume, Hervé révisera la conversion dans le bas d’un pendule tendu (P50) avec la corde de 8mm bloquée sur une écaille et Lionel testera l’efficacité du verrouillage du brin de rappel. Une fois de plus Patrice gère les rappels sans encombre. Aujourd’hui c’est de la balade. Nous déjeunons dans l’immense salle d’éboulis.
Hervé oriente la topo avec la boussole et nous partons vers Canuela. La salle est très pentue, les blocs descendent avec nous. La suite est composée de magnifiques galeries fossiles très concrétionnées, les stalactites sont influencées par un gigantesque courant d’air, des concrétions horizontales ce sont développées, accompagnant le sens de ce dernier. Nous suivons facilement le balisage, retrouvons un petit canyon actif sous nos pieds. Les galeries sont splendides. Presque chaque pas est accompagné par un cri d’émerveillement. Notre orientation est guidée par le courant d’air facilement détectable même dans une section de plus de 200m2; oui c’est possible! La localisation sur la topo est compliquée, les orientations des galeries nous permettent de supposer le croisement avec la galerie ouest. Hervé remarque une main courante rive droite et nous nous engageons dans un canyon qui descend brutalement. Nous ignorons plusieurs signaux puis rebroussons chemin en direction de la main courante qui s’avérera être l’itinéraire de sortie. Elle permet de se déplacer sur une strate très polie et inclinée; bien heureusement elle est équipée en fixe.
La sortie est dantesque, un contrejour vient illuminer les parois de l’énorme collecteur. A la sortie le courant d’air est incroyable, il plonge vers la vallée où un micro climat s’est installé; aucun arbre ne pousse, seulement des herbes et des fougères. Sur plus d’une centaine de mètres! Nous rentrons en une vingtaine de minutes à pieds directement au gite. Nous y retrouvons Yvan et sa copine, il nous offre une bière. Patrice part avec Yvan récupérer la voiture et nous continuons l’apéro toute la soirée. Vers minuit nous allons nous coucher,
Dimanche nous nous levons à 8h rangeons les affaires, lavons le gite, saluons Yvan et le remercions pour son chaleureux accueil. Après un café à un des bars d’Arredondo nous sommes d’attaque pour la route et ses km de bouchons. Le temps passe, nous tournons au volant, le trio me débarque à Nîmes et nous rentrons dans la nuit, fracassés. Sentimental, Patrice ramènera une petite tique, bien cachée, jusqu’à Grenoble.
Bref un trip de folie avec une super équipe!